Un arrangement gênant... [PV : Akira & Hiroki ]

Pourquoi ce souvenir remontait-il à ce moment ? Il n'en savait rien. Il se dit que s'ils avaient su, à cette époque, qu'à peine un an plus tard ils connaîtraient une seconde grosse bagarre de ce genre, mais cette fois entre eux, ils ne l'auraient certainement pas cru. Et c'était ça qui était incroyable sans doute, le revirement soudain qu'avait pris la situation. Il n'avait fallu que quelques infimes secondes pour qu'ils soient persuadés de se détester. C'était pathétique non ? Quelle naïveté. Croire qu'on pouvait tout effacer juste pour quelques mots. En récompense, ils n'avaient eu que des années de solitudes, durant lesquelles ils trouvaient plus amusant de se faire volontairement souffrir, plutôt que d'essayer de recoller les morceaux, comme ils en avait finalement toujours eu l'envie. Ils auraient peut-être retrouvé Natsuki plus tôt, s'ils avaient été tous les deux. Qui sait. Mais quand on étaient deux pauvres idiots comme ils l'étaient, plus fiers encore que deux coqs de basse-cour, il ne fallait pas compter sur leur capacité à réfléchir. Au moins, cette-fois-ci, leur statut de gosses de riches avait été parfaitement visible. Ils pouvaient s'en vanter, oh, ça oui. Mais, pourquoi cette bagarre, ce jour-là ? Il ne s'en souvenait plus très bien. D'ordinaire, ils évitaient ce genre de choses. Ils avaient été de nombreuses fois provoqués, mais préféraient généralement ne pas se risquer à en venir aux poings. Ils se fichaient de toute façon pas mal de ce qu'on pouvait bien penser d'eux. Peut-être avait-ce un rapport avec Natsuki... c'était sans doute l'argument le plus valable pour les deux garçons, pour aller jusqu'à se battre. Non vraiment, il ne s'en souvenait plus. Ça ne devait pas être si important. Mais de toute façon, les moments qu'ils n'avaient pas passés à deux, ou à trois, n'avaient aucune importance.

Ce qui comptait à présent, c'était Son ami qu'il serrait aussi fort que possible dans ses bras, comme s'il n'avait qu'une peur : celle de le voir s'envoler. Mais il ne s'envolerait pas, non, Hiroki y veillerait. Il mettrait tout en œuvre pour le retenir, pour le forcer à rester avec lui. Avec Eux. Aucun d'eux n'avait plus le droit de partir de toute façon. C'est presque avec soulagement qu'il sentit la main d'Akira se refermer sur sa veste. Il restait. Un fin sourire s'installa sur ses lèvres. De toute façon, il lui faisait confiance. Il ne serait pas partit, il ne partirai jamais. Raisonnement naïf ou non, c'était évident qu'ils resteraient toujours ensemble. Les mots de Son ami pourtant, lui serrèrent le cœur. Il perdit son sourire et serra un peu plus ses poings sur la veste de son ami, qu'il tenait déjà fermement. Son front se posa sur son épaule et il soupira. Des larmes silencieuses coulaient le long de ses joues, et il se souvint qu'il avait toujours adoré le goût salés de celles-ci. Au même moment, alors qu'il n'avait pas encore pu répondre quoique ce soit, il Le sentit se serrer davantage à son tour. Il ne fallait pas être devint pour deviner qu'il pleurait également. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient plus eu l'occasion de pleurer tous les deux. Ils ne s'étaient que rarement dissimulés leurs sentiments respectifs, et qu'ils aient envie de pleurer ou de sourire, ils l'avaient toujours fait ouvertement, sans honte aucune. Il ne fit pas un geste lorsque la voix d'Akira retentit de nouveau, et il recula d'un pas lorsqu'ils se séparèrent. Son ami avant planté son regard dans le sien, et il ne détournait pas la tête, un air confiant prenant place peu à peu sur son visage, son sourire reprenant sa place habituel.

- Est-ce qu'on en est pas la preuve vivante ? Et quelque part, on s'est déjà retrouvé, non ?

Oui, quelque part c'était le cas, puisqu'Elle était revenue près d'eux. Puisqu'avant Elle, Aki-kun était lui aussi revenu. Ce n'était que la suite logique d'une chose dont ils avaient envie tous les trois depuis qu'ils s'étaient séparés. Un vrai petit couple à trois, la preuve vivante que parfois, il existait plus d'une âme sœur pour une même personne. Il sourit de nouveau à la réflexion de Son ami, et passa un bras à la fois amical et protecteur, presque possessif, autour des épaules du jeune homme.

- On a l'air de deux gosses de riche qui s'apprêtent à aller prendre un verre au lieu de rester en plein milieu de cette rue sombre et inhospitalière, non ?


Deux gosses. Malgré le temps qui passait, ils restaient deux enfants atteint du fameux syndrome de Peter Pan. La seule différence avec les autres, c'était qu'eux au moins, ils ne grandiraient jamais, il n'y avait pas de doute à avoir là-dessus.