Quand la bombe explose...[Fujiwara Ryo]

Enfermé depuis trop longtemps…Voilà ce que ressentait à cet instant précis le pauvre Nao. Sur sa misérable chaise de cours à fixer l’horloge dont les aiguilles semblaient obstinées à ne plus vouloir avancer, Naoki désespérait bel et bien mais gardait tout ce même ce petit espoir. Du moment que ça l’empêchait de hurler à tout vas ou se cogner la tête contre la table ça allait. La mine dépitée comme jamais, Naoki éveillait la curiosité de tous ses camarades de classes qui paraient dans le dos de leur prof pour savoir si oui ou non il allait péter son câble avant que l’heure de sonne. Chose courante pour les élèves de deuxième année de la classe D de parier sur le dos du taré de service…Il en faisait pas mal de choses…

Quand enfin la sonnerie annonçant la pose déjeuner retentit, Naoki se leva d’un bond dans son ptit short vert à porte jarretelle et hurla un immense « ENFIN » avant de disparaître en trombe de la salle. Perplexe par l’enthousiasme de Naoki pour le repas, son professeur jugea bon de lui donner une heure de colle alors que quelques élèves donnaient dans de longs soupirs de déception des billets à leurs camarades souriant. Il n’est pas sans dire que Nao s’en foutait pas mal de tout ça. Il pouvait enfin sortir à l’air libre et…Ça se voyait.
Déambulant dans les couloirs en sautillant comme un cabri et beuglant encore et toujours les paroles d’une chanson qu’il venait d’inventer et qui n’avait tout simplement ni que ni tête, il ne semblait faire attention à toutes les remarques.

Effectivement, il y avait un léger détail, mais pas des moindres, qui avait échappé à Naoki. Il avait été tellement captivé par l’horloge et si heureux de pouvoir enfin aller prendre un grand bol d’air frais sur le toit qu’il n’avait pas remarqué l’état du temps…Plutôt problématique quand on se ballade en mini short vert fluo, porte jarretelle et bas en résille noir ainsi qu’un mini top bien moulant jaune fluo. Sans compter sa perruque en fils de scoubidous verts et jaune et son maquillage noir plus qu’important…Le désastre si ça tenue était gâchée.

Enfin, n’y faisant pas le moins du monde attention, Nao montait les marches quatre à quatre avec un énorme sourire en place et mordillant sa sucette qu’il gardait dans la bouche depuis peu. Normalement tout être bien constitué se serrait cassé lamentablement la figure sur les chaussures compensé qu’il arborait mais Naoki avait apprit l’art de courir et faire bien des choses sur ses plates formes. Il qualifiait même cette aptitude de don et encore heureux qu’il les avait…Petit comme il était ça pouvait l’aider à paraître un peu plus de taille par rapport aux autres garçons du lycée. Il était un des rares à mesurer moins d’un mètre soixante cinq alors il compensait comme il pouvait le pauvre…

Croisant des élèves à l’allure tous aussi plus banale les un que les autres, Naoki arriva enfin à la porte menant au toit. Toujours ce beau sourire radieux et ses yeux pétillants de malice malgré ses lentilles vertes pâle, Nao poussa la porte mais…Ô rage ô désespoir…Une fois de plus il s’était emballé trop vite car à peine venait il de pousser cette foutue porte qu’il se ramassait dans un bourrasque de vent un litre d’eau en plein visage. Résultat sa tenue était fichu . Trempé jusqu’au os il dégoulinait de flote. Autant le derrière était niquel, tout sec mais alors le devant…

Perplexe et ne réalisant pas tout de suite ce qui lui arrivait, Naoki poussa un cri digne de ce nom et commença à s’énerver tout seul en laissant la porte du toit grande ouverte. Hurlant des « Pourquoi tu m’as fait ça ?! » ou encore des « J’ai rien fait mwa !!! » au ciel, Nao ne passait pas inaperçu mais, résigné redescendit. Traversant les couloirs en tirant une moue adorablement boudeuse sa sucette de bébé à la main il partit s’asseoir sur un des bancs d’un étage à moitié vide.

La plus grande partie des élèves étant partie manger, Naoki aurait au moins la paix. D’ailleurs il recommençait déjà à retoucher par endroit son maquillage. Certes ses vêtements étaient trempés mais au moins il restait digne. Assit en tailleur sur le banc et attrapant quelques mèches de ses jambières en fourrure verte qui étaient, évidement, trempés, Naoki fixait le mur d’en face toujours la même expression adorable. La lèvre inférieure légèrement retroussée et les yeux comme embrumés il donnait l ‘impression qu’il allait fondre ne larmes à tout instant bien qu’une véritable bombe à retardement s’était enclenchée dès qu’il avait posé ses fesses sur ce banc.

Si Naoki montrait autant d’enthousiasme pour des choses futiles il était bien capable de faire de même pour ce qui l’énervait. Au moins il pouvait dire qu’il se donnait à fond dans tout ce qu’il faisait. Tout le monde pouvait le confirmer: études, look, maquillage et surtout façon d’être. Être le ptit toutou d’un des plus grand lycée de Tokyo c’était un boulot à plein temps, faut pas croire! Toute son énergie y passait mais il arrivait en garder encore quand il trouvait un maître digne de ce nom…Une véritable pille électrique le petit Naoki mais il était bien réputé comme ça. A peine s’il ne tenait pas une pancarte avec marqué « Gentil petit chien à louer…Sait tout faire… ».

Ils avaient bien dut rigoler par la suite tous ceux qui l’avaient vu passer en courant vers le toit et ressortir tout mouillé. Il était si impatient de pouvoir sortir qu’il n’avait pas regardé le temps…Pourtant ce matin il faisait beau, enfin, du moins c’était ce qu’il croyait. Naoki avait été trop absorbé par ses vêtements durant tout le trajet pour se rendre compte des gros nuages gris menaçant qui habillaient le ciel.
Occupé à pester silencieusement contre le temps, Naoki n’avait même pas remarqué que le banc sur lequel il s’était assit avait déjà un squatteur. Ce ne fut qu’à cette main posée sur son épaule et une voix sensuelle au goût de Nao se fit entendre qu’il sursauta en se rendant compte de son compagnon de pause. Ni une ni deux, l’extraterrestre du bahut prit une grande inspiration en se levant du banc pour faire face à l’inconnu et se mit à hurler d’une voix râleuse mais en gardant cette même moue boudeuse à croquer.

 « Non ça va pas! J’ai rien fait de mal moi et puis le méchant il m’a mouillé! Je voulais juste aller sur le toit pour manger en dansant mais non!!!! A cause de tout ça maintenant je suis trempé devant et pas derrière puis mon maquillage à faillit couler et ce soir je pourrai pas rentrer…. »

Quel débit de parole…Il venait de lui sortir tout ça d’un trait sans jamais retenir sa respiration et encore…Comparé à ce dont il était ça capable, c’était rien du tout. Du ptit lait. Gesticulant dans tous les sens pour montrer sa frustration en gardant les sourcils froncés et prenant sa sucette dans une main il finit les bras croisés, prenant appui sur une de ses jambes alors que l’autre était tendue et appuyée sur le talon.
Le regards posé sur le plafond il continuait de bouder comme un gamin de cinq ans à qui on refuse un jouet. Il avait enfin eu l’occasion de tout exprimer mais maintenant il faudrait en subir les conséquences. La bombe Naoki venait d’exploser mais ce n’était que le début d’une longue série de cris et exclamations…La preuve.

 « WOOOOOOOOOOO…Mais t’es choupi comme tout twaaaaa!!!! Comment ça se fait que jt’ai pas dja vu?! »

S’exclama Naoki qui venait enfin de poser son regard sur le jeune homme en face de lui. Évidement qu’il y avait de beaux jeunes hommes dans le lycée mais celui là était sûrement un des plus splendides qu’il avait eu l’occasion de voir. Une raison de plus d’être heureux d’aller au lycée!
Penché devant lui en le fixant avec des grands yeux pétillants de malice, la moue boudeuse qu’il arborait quelques minutes plus tôt avait fait place à un large sourire radieux des plus craquant. Il correspondait parfaitement à l’image de gamin qu’on lui donnait. Il changeait d’humeur en un simple claquement de doigt.

 « Diiiiiiitttttt tu veux bien être mon maître?! »

Les mains rassemblées sous son menton, la lèvre inférieure retroussée et la tête penchée sur le côté il le fixait avec de grands yeux de cockers tout suppliant. Une question que Naoki devait poser au moins quinze fois par jour à tous ceux qu’il trouvait mignon ou qu’il appréciait tout simplement…Dire que la plupart rougissaient ou avaient des arrières pensées là-dessus…Tous des obsédés mais…Ça ne pouvait que plaire à Nao.