Pourquoi la majorité des individus préfère être mal accompagné que seul ? Une question bête ? Pas tant que ça...La réponse saute aux yeux et pourtant, personne ne l'accepte. La sollitude est un mal craint de tous, et ce depuis la nuit des temps. Envisager sa vie autrement qu'étant partagée avec une personne reste impossible, pour la plupart des êtres humains. Et ce, même si cette personne n'est pas notre moitié, celle qui nous est réservée, mais quelqu'un qu'on pourrait, à la longue, mépriser...voir haïr. Lorsqu'on croit avoir trouvé la bonne personne, il reste toujours une part de doute, comme un fine tâche tenace qu'on ne peut vaincre aisément. Alors, cela signifie que cette incertitude, aussi mince soit-elle, empoisonne à petites doses une existence qu'on espèrait loin du prototype. Mais combien, au jour d'aujourd'hui, tentent de quitter ce doute au profit d'une confiance sans bornes ? Il n'y a qu'à ouvrir les yeux et observer ce monde pour constater avec effroi qu'aucune réflexion ne se porte sur ce sujet essentiel.
Faudrait-il les prévenir ? Placarder des affiches prônant la confiance pour tous ? Même aux êtres déjà condamnés ? Y aura-t-il une fin à cela ? Ou une réelle progression, un changement quelconque qui puisse rendre le monde meilleur ?
Assise sur un banc, dans une robe légère couleur pastel, Marie levait la tête vers le ciel d'encre, cherchant une réponse à toutes ces questions...questions qui représentaient son quotidient. Le fait qu'elle soit incapable d'aller vers les autres ne l'empêchait pas de se plonger dans des réflexions abyssales, trop profondes pour être creusées comme elles le devraient. Elle n'avait jamais essayé de faire partager ces émotions avec qui que ce soit, certaine de paraître pour folle dans ce monde de jeunes où les gokons et autres sorties étaient le primat d'une société beaucoup trop individualiste à son goût.
Ces questions caractérisaient pour elle une échapatoire, une bulle dans laquelle ses soucis personnelles s'effaçaient au profit d'interrogations sur le monde. Elle appréçiait ces instants de sollitude, loin du lycée et de ses "camarades". Ici, elle pouvait être "normale", ce qui signifiait dans son jargon "ouverte"...Au lycée, elle était aussi transparente qu'incapable de penser parmi des êtres qu'elle avait du mal à considérer...
Alors qu'une légère brise souffla, elle effleura son avant bras et regarda les quelques cicatrices de brûlure. Elle ne pouvait s'empêcher de culpabiliser en les découvrant, certaine que sa mère avait eu de bonnes raisons d'agir de la sorte. Marie avait été une mauvaise fille, voilà tout...et pour cela, elle devait payer. Elle espèrait que son frère, là où il se trouvait, était heureux. Il lui manquait énormément...mais cette souffrance était nécessaire, étant donné l'insatisfaction qu'elle avait donné à sa mère. Oui...Marie était sûre d'être une mauvaise fille. Ces traitements subis n'étaient rien en comparaison du mal qu'elle avait du faire à sa mère...Elle oubliait alors que son comportement avait toujours été irréprochable et que, la seule personne à plaindre, c'était elle et non sa génitrice...