Juste une affaire d'honneur mouillée de quelques larmes. [ Pv ]

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Ruki n’avait jamais considéré Otoe comme autre chose qu’une petite fille dont il devait constamment s’occuper. Sa fragilité apparente, son innocence, sa vulnérabilité dans ce monde rempli de haine, tout, dans cette gosse, lui donnait envie de la protéger. Et pourtant, sa sœur était désormais une préadolescente de 12 ans qui serait bien plus forte qu’il ne le serait jamais, qui savait déjà comment on faisait les bébés, et qui semblant se donner un malin plaisir à montrer à Dan qu’elle savait davantage se démerder que lui dans la rue. Elle était trop jeune pour se rappeler de leur mère décédée, et est la seule, des quatre enfants, à avoir vraiment grandi sans son amour attentionnée. Yûsuke étant trop renfermé pour lui porter une quelconque attention, Ruki prenant laborieusement le flambeau que lui laissait sa génitrice pour s’occuper de ses deux cadets, Dan frôlant l’hyperactivité névrosée et croisant son père une demi-heure par jour quand l’androgyne de la famille le considérait comme assez sobre pour rester dans la même pièce que sa progéniture, Otoe avait été la seule à véritablement connaître le dur quartier dans lequel ils grandissaient. Echappant à l’attention de son aîné, elle grandit dans la rue, lui donnant cependant une force de caractère impressionnante pour le petit bout de femme qu’elle était. Mais cela ne l’empêchait pas d’être bien éduquée ; Ruki y veillait personnellement.

« Répète-moi ça ? » articula celui-ci en observant la jeune brune qui se tenait en face de lui, vraisemblablement abasourdi, tandis que la demoiselle serrait les poings, l’air sûre d’elle et obstinée. Sa coupe au carré suivait les mouvements courroucés de son visage aux traits féminins mais encore enfantins, tandis que ses yeux aussi sombres que ceux de son vis-à-vis soutenait ceux de ce dernier, loin d’être intimidés. Une force de caractère impressionnante, qu’il disait. Beaucoup d’inconscience infantile, aurait-il dû affirmer. « Il est parfaitement hors de question que tu ailles là-bas. » reprit-t-il en voyant les lèvres gonflées par la fureur s’ouvrir sous l’impulsion colérique de la petite fille, qui, d’ailleurs, lâcha un cri de rage à la décision de son frère, frappant le sol du pied avec désapprobation. « Tsubasa-kun a mis trois mois pour m’avouer ce qu’il ressentait pour moi ! Trois mois ! Et maintenant qu’il m’invite enfin chez lui, tu refuses ?! » s’emporta-t-elle avec tout le désespoir dont une gamine de son âge victime d’un pseudo amour éternel pouvait faire preuve. « Otoe, tu as douze ans. Je ne peux aisément pas te laisser tout un samedi après-midi chez des gens que je ne connais absolument pas. » répliqua calmement Ruki, dans la position même du sage autoritaire, le regard convaincant en prime, bien qu’un véritable sage aurait sûrement pris le temps de reposer le fer à repasser sur la table avant de s’engager dans une conversation de ce style, mais ça. « Mais, Aniki.. » commença la collégienne en passant peu à peu en mode chat Potté, espérant que cela aurait plus d’impact sur son aîné. Elle n’était plus à ça près, en même temps. À la regarder, Ruki se sentit comme pris d’une certaine pitié exaspérante. Elle était vraiment trop attendrissante. « À moins que.. »

13h57, et Ruki ne s’était jamais autant senti blasé de sa vie. Un coup d’œil à sa montre l’informa qu’ils seraient ponctuels à quelques secondes près, point positif pour une entrevue polie et respectueuse avec des parents. Parce que, le compromis, c’était ça. Si Ruki pouvait parler avec les parents et qu’une fois rassuré, il demanderait un numéro de téléphone sur lequel il pourrait joindre sa petite sœur quand il le désirait, il laisserait celle-ci rester avec son si précieux « Tsubasa-kun ». N’empêche que ça l’emmerdait quand même, de voir l’accompagner aussi loin pour une après-midi qui était seulement peut-être. Replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille alors qu’il s’était laissé les cheveux détachés pour l’occasion – s’il se faisait passer pour une jeune fille responsable soucieuse du bien-être d’Otoe, ça passerait peut-être mieux auprès des paternels de ce garçon, qui sait –, Ruki observa une dernière fois l’immeuble auquel ils faisaient face avant de céder à la pression qu’exerçait la brunette sur sa main, trépignant d’impatience. Ce quartier semblait déjà plus vivable que le leur question fréquentation, c’était un point positif. Gravissant les escaliers derrière la gosse qui lui servait de cadette, celle-ci ne tarda pas à se poster devant une porte, fébrile, posant son petit doigt curieusement statique et assuré sur la sonnette. « Otoe, calme-toi et attends-moi, sinon je te ramène à la maison.. » soupira le châtain, quoique toujours aussi calme et serein, avant de s’arrêter à ses côtés et d’observer la porte verdâtre. Bon. Quand fallait y aller, hein..

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Ruki ne savait s’il devait se sentir amusé ou affligé du comportement de sa petite sœur, qui ne cessait actuellement de lisser ses vêtements du plat de la main, soucieuse de paraître irréprochable aux yeux de son (temporaire) grand amour éternel. En même temps, Otoe était en passe de devenir une jeune fille, il était donc normal qu’elle s’intéresse aux garçons de son âge. Mais pour l’androgyne, c’était beaucoup, beaucoup trop tôt. D’ailleurs, il se surprit à se demander avec horreur si sa cadette avait déjà fait autre chose que se tenir la main avec ce garçon, chose contre laquelle il s’opposerait bien évidemment le cas échéant. Faut pas déconner non plus. Déjà qu’il avait du mal à digérer le fait que sa si précieuse petite Princesse nourrisse un amour autre qu’amical envers un garçon autre que lui, alors. Son attention fut soudainement happée par la porte qui s’ouvrit, laissant apparaître un jeune châtain qu’il devina être Tsubasa, et Otoe adressa un sourire éblouissant à ce dernier, paraissant bien plus adorable que Ruki ne l’avait jamais vu l’être. C’était dépitant. Surtout que sa propre présence semblait inopportune, mais il se rassura intérieurement en se disant qu’après tout, dans une dizaine de minutes, il ne serait plus là. Hallelujah.

Saluant l’hôte d’un signe de tête, Ruki releva les yeux par curiosité, tenant tout de même à voir dans quel environnement il allait délaisser sa petite sœur pour les heures à venir, mais son regard rencontra un peu brutalement celui d’un jeune homme qui lui disait vaguement quelque chose. Après une rapide recherche dans sa mémoire infaillible, il le replaça rapidement, se rappelant de lui comme d’un adolescent arrogant et perturbateur qui avait commencé à se fritter avec Dan au convini. Bordel de Dieu. Paraissant clairement surpris, le châtain foncé resta à fixer son aîné avec stupeur un instant, ce dernier ne paraissant pas mieux que lui à s’étrangler avec ses pâtes dont certaines retombaient de manière peu esthétiques sur son menton, mais l’attention de l’androgyne fut curieusement porté sur un autre détail. Il était ni plus, ni moins en serviette de bain. Et rien d’autre. En un réflexe protecteur quoiqu’un peu stupide vu son temps de réaction, il posa sa main sur les yeux d’Otoe qui lâcha un : « Hé ! » de désapprobation, tentant de se dégager. Mais il y avait des limites à sa tolérance, et Ruki ne laisserait sûrement jamais Otoe assister en direct à un strip-tease masculin, intégral ou non. Surtout de ce mec. Qui d’ailleurs, se reprenant un minimum, lui posa une question qui lui parut un tantinet agressive.

« J’accompagne ma sœur chez son ami. » répondit-il calmement, mais ses sourcils légèrement froncés prouvaient clairement son mécontentement actuel, et sa désormais désapprobation quant à laisser la brunette ici. Parce que, curieusement, il doutait que le jeune homme ne soit ici qu’en visite, vu sa tenue actuelle. Et vu leur ressemblance, il parierait presque sur une fraternité entre Tsubasa et lui. Enfin, restant objectif et songeant à la déception qu’Otoe ressentirait si jamais il l’embarquait avec lui en repartant, il reprit une expression posée mais inexpressive en se disant que si l’un des deux parents se trouvaient quelque part par-là, il pouvait faire confiance à ces derniers et laisser sa sœur entre de bonnes mains. Ou pas. « J’ignorais qu’il était ton frère. » rajouta-t-il, remarquant parallèlement que de toute façon, il ne connaissait même pas le prénom de ce mec, et venait à peine d’apprendre son nom de famille, à savoir Kuroda – En envisageant, bien sûr, qu’ils portent le même que son cadet, ce qui n’était pas sûr vu les histoires de familles actuelles.. « C’est embêtant. » rajouta-t-il à voix basse pour lui-même en observant Tsubasa, tandis qu’Otoe soufflait de consternation, résignée à l’idée que son frère aîné garde sa main sur ses yeux. Elle ne se gênaa néanmoins pas pour croiser les bras et ruminer son mécontentement, lui prouvant, elle aussi, qu’actuellement, Ruki la rendait honteuse. Tant pis. C’était sa fierté ou son innocence. Et Ruki avait choisi pour elle.

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Ruki fut à proprement parlé estomaqué de voir le châtain se casser comme si de rien n’était, intimement persuadé qu’il allait s’enfermer il ne savait trop où – sûrement dans sa chambre vu qu’ils se trouvaient présentement dans une pièce rassemblant cuisine et salon – pour les esquiver, sa sœur et lui. Et la situation, par analogie. Quelle.. lâcheté ! Jetant un regard curieusement calmement intrigué à Tsubasa malgré la situation, Ruki entendit vaguement Otoe demander ce qu’il se passait, mince, mais n’eut pas le temps de répondre que, Dieu merci, le châtain revenait, davantage vêtu soit dit en passant. Mais le fait qu’il soit torse nu n’était pas plus dérangeant que ça aux yeux de l’androgyne – enfin, si, un peu, quand même – ; ce qui le dérangeait davantage était la serviette. Un geste trop brusque, et celle-ci se retrouverait au sol en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et ça, Otoe ne devait absolument pas en être témoin. Vraiment pas. Le châtain foncé ne releva pas le regard noir de l’adolescent, se contentant, peut-être un peu provocateur, de le remercier d’un simple signe de tête placide. Bon, retirons la lâcheté de sa liste de défaut trop rapidement bâclée qui se révélait néanmoins déjà conséquente pour les deux inconnus qu’ils étaient l’un envers l’autre.

Hésitant désormais à rendre la vue à sa petite sœur en jetant un coup d’œil au pauvre Tsubasa qui se retrouvait au milieu de tout ça sans rien avoir demandé, Ruki se surprit à se demander pourquoi Diable sa sœur avait-elle eu le béguin pour un mec avec un tel frère. Certes, elle n’aurait jamais pu deviner, mais tout de même. Si Dan l’apprenait, il ne serait sûrement pas aussi clément que lui ; d’autant plus que le brun était le plus rancunier des deux, alors forcément, ça n’aidait pas. Sa réflexion ne put être poussée plus loin que son aîné se planta devant lui, son regard préalablement baissé pour observer le jeune garçon rencontra une serviette marron, et il cilla lentement aux mots de cet inconnu qui se permettait de remettre en question sa tendre attention envers sa petite sœur, relevant du coup en plus de temps qu’il n’en faut pour le dire ses yeux pour les plonger dans les siens. Choqué ? Semblait-il choqué ? Il était bien difficile de décrire ce que Ruki pouvait bien ressentir étant donné qu’il abordait perpétuellement sa sempiternelle expression sereine, mais il est vrai qu’il ne désirait pas spécialement affliger sa cadette d’une vue pareille. Restant silencieux un instant, l’androgyne finit par incliner sa tête sur le côté, amusé, pour tendre sa main libre vers la serviette de son vis-à-vis, gardant l’autre sur les yeux d’Otoe. Surtout maintenant.

« Autre chose, en effet. » répondit-il calmement, avant de caler ses doigts sous la matière humide, sans descendre trop bas cependant, parce que bon voilà hein, appuyant ensuite son pouce sur son majeur et son index à travers de la serviette au point de nouage de celle-ci, s’assurant qu’elle ne tomberait pas de façon inopinée en cours de route. Ce n’est qu’après ça qu’il relâcha enfin la pauvre Otoe, celle-ci cillant de surprise devant la brusque lumière vive qui l’aveugla momentanément. Mais ce ne fut rien face à son déconcertement lorsqu’elle s’aperçut de son manège de son frère, fixant les deux adolescents avec des yeux ronds. « Aniki ? » appela-t-elle, s’apprêtant à lui demander ce que fichtre faisait-il, mais celui-ci ne lui laissa pas le temps de placer son interrogation Ô combien métaphysique, les yeux plongés dans ceux de l’aîné des châtains, toujours aussi stoïquement. « Dépêche-toi, avant que je ne change d’avis. » lança-t-il, autant pour Otoe que pour Tsubasa d’ailleurs, et la première parut un instant indécise avant d’hausser les épaules, se disant qu’après tout les histoires des grands étaient trop compliquées pour elle. Attrapant la main de son ami, elle lui adressa un sourire, comme si de rien n’était, avant de le tirer un peu plus loin, même si elle n’était pas chez elle, m’enfin. S’il suffisait de s’éloigner de Ruki pour qu’il lui laisse la paix, autant le faire rapidement.

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Ruki suivit les deux jeunes personnes du regard, prenant même la peine de se pencher légèrement sur le côté pour les voir s’enfermer dans une autre pièce, le châtain n’étant pas transparent et par-là même lui cachant la vue. Il savait pertinemment qu’en agissant de cette manière envers Otoe, il passait pour un papa poule excessif et étouffant, mais déjà qu’il ne se souciait pas de l’avis des autres en temps normal, alors lorsqu’il s’agissait de sa petite sœur, pensez-vous.. D’ailleurs, c’était lui, ou les deux jeunes gens étaient partis s’enfermer dans une chambre, là.. ? Complètement obnubilé par la destination – déplaisante, pour le coup – des cadets, l’androgyne en oublia de retirer sa main de la serviette de son vis-à-vis, qui, de toute façon, se présentait bien de cette façon devant Otoe et lui-même. Se faire tripoter au niveau de la hanche ne devait donc pas le déranger plus que ça, à n’en pas douter. Quand on n’a aucun principe d’affabilité, après tout.. Et puis, on ne pouvait pas dire que Ruki en profitait particulièrement ; il y avait plutôt été contraint. Enfin, toujours était-il qu’il retomba brusquement sur terre lorsque le châtain le repoussa, le faisant ciller de surprise, tandis que son esprit assimilait doucement sa question. Son regard se baissa sur ses doigts humides, remontèrent se plonger dans ceux de l’adolescent qui lui faisait face, et ses lèvres s’arquèrent en un sourire tandis qu’il émettait un petit rire amusé. Le ridicule de la situation venait à peine de le percuter, ça valait bien un déridage occasionnel, après tout.

« Je suis son frère aîné. Je me dois de veiller sur elle. Elle est encore jeune.. » expliqua-t-il, ses traits redevenant peu à peu posés et inexpressifs, bien qu’il parut clairement soucieux sur la fin de sa phrase, son regard se déportant sur la porte derrière laquelle les deux jeunes venaient de disparaître. Non, vraiment, il n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’Otoe ait un petit ami, aussi innocente leur relation était-elle. Surtout quand ce garçon se montrait être le frère cadet d’un adolescent aussi exécrable. D’ailleurs, celui-ci lui avait posé une seconde question, et Ruki hocha la tête pour se reprendre, sachant pertinemment que son comportement actuel était ridicule. Totalement ridicule, même, mais qu’y pouvait-il ? Il était vraiment inquiet. Dan était un garçon, alors tout était beaucoup plus simple ; il savait comment le conseiller, et le réconforter en cas de coup dur de ce côté-là. « Je voulais m’entretenir avec vos parents, ou vos tuteurs légaux, avant de laisser Otoe ici pour l’après-midi. » expliqua-t-il, très sérieux, en replaçant par réflexe une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, se sentant curieusement mal à l’aise, désormais. Et il avait beau analyser la situation sous toutes les coutures, il ne voyait pas en quoi il pouvait l’être. À part, peut-être, le côtoiement direct de son vis-à-vis dans une ambiance plus personnelle que la fois précédente.. « Je pourrais les voir ? » demanda-t-il finalement après avoir hésité un instant, inclinant très légèrement sa tête sur le côté en guise de sourire de circonstance.

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Ruki suivit l’adolescent des yeux lorsque celui-ci alla se servir un verre d’eau, le laissant s’expliquer sur le pas de la porte – parce que oui, il n’était tout de même pas rentré étant donné qu’on ne l’y avait pas invité. Quand même. –, ce qu’il fit sans s’offusquer, ne pouvant néanmoins pas s’empêcher d’observer régulièrement la porte de la chambre, un peu plus loin. Mais le châtain réussit, oh miracle, à l’intéresser davantage en s’étouffant de nouveau, mais avec le liquide diaphane, cette fois-ci. Décidemment, il allait lui faire frôler la mort un nombre important de fois à chacune de leur rencontre.. ? Dubitatif, et un peu inquiet tout de même, l’androgyne ne fit pas le lien avec sa question précédente concernant les parents Kuroda, observant l’adolescent qui lui faisait face à nouveau, se demandant ce que fichtre il avait bien pu encore faire pour entraîner son étouffement. Rien de déplacé, ça, il en était certain. Son éducation le lui interdisait. La raison lui échappait totalement, cette fois-ci. Mais le châtain lui donna rapidement la réponse en s’épaulant contre le chambranle, désinvolte, ce qui tranchait assez brusquement avec ses mots, que Ruki encaissèrent sans sourciller. Forcément, il y avait une question à ne pas poser, l’androgyne mettait le doigt dessus dès les premières minutes. Bien qu’il n’aurait jamais pu le deviner, mais c’était quand même gênant..

« Désolé. » souffla-t-il en baissant brièvement les yeux, comme une inclination métaphorique servant à appuyer ses propres paroles, avant d’observer le visage de l’adolescent qui lui faisait face. Curieusement, c’était la première fois qu’il se sentait à la fois aussi proche et aussi opposé de lui en certes peu de temps, mais leur relation était tout simplement trop houleuse pour que Ruki puisse un jour espérer pouvoir se trouver des points communs avec ce garçon. Mais celui-ci venait de lui prouver le contraire, dans des circonstances certes moins joyeuses qu’il ne l’aurait voulu – et il imaginait que c’était la même chose du côté de son aîné. Réprimant ses mots contrits qui se montreraient sûrement plus exaspérants que réconfortants, l’androgyne replaça une énième fois la mèche de ses cheveux en place, geste nerveux, avant de jeter un vague coup d’œil à l’intérieur de l’appartement, cependant trop approximatif pour paraître impoli. « Le fait que tu sois le tuteur légal de Tsubasa-kun ne m’arrange pas vraiment. » ajouta-t-il, reprenant le fil de leur conversation comme si de rien n’était, tapotant sa cuisse à l’aide de son index, la main posée sur la hanche, vaguement soucieux. « Mais je suppose qu’Otoe ne digérerait pas le fait que je la ramène à la maison maintenant.. C’est embêtant.. Je suppose que je dois te faire confiance, dans ce cas-là.. » soupira-t-il, un tantinet résigné, bien qu’il était évident qu’il semblait toujours un peu indécis. Il faisait bien moins confiance à ce mec qu’à deux personnes d’une quarantaine d’années, c’était clair et net.

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Ruki releva les yeux, absent, lorsque le châtain reprit la parole après un soupir plus ou moins marqué que l’androgyne ne sut interpréter correctement. Enervement, frustration, résignation.. Peut-être un peu des trois, ou peut-être aucuns. Peu importe, après tout ; tant que cet adolescent se comportait en personne civilisée et qu’il ne le mettait pas sur le même pied d’équivalence que Dan (ce qui se révélerait problématique, quand même), Ruki n’aurait aucunes raisons de lui en tenir rigueur. Néanmoins, ses paroles le firent tiquer, et il se permit d’hausser un sourcil, clairement surpris, en baissant machinalement les yeux sur sa tenue. Il se fringuait comme une fille, lui.. ? Lui qui avait toujours prôné une tenue neutre quoique colorée.. Son visage efféminé devait être la raison de cette confusion vis-à-vis de ses camarades, mais le jeune homme se sentait un peu le ciel sur la tête, là. Ne pas s’habiller en survêt’ – basket signifiait forcément être une nana ? S’il l’avait su plus tôt, il aurait adopté le costard. =o= Enfin, sa situation financière l’handicapait considérablement dans ce projet, mais il se comprenait. Mais Ruki ne pouvait nier que couper ses cheveux ou essayer de masculiniser ses traits était totalement inconcevables à ses yeux. Allez savoir pourquoi ; peut-être parce qu’il s’affichait comme une mère pour Dan et Otoe, et que Yûsuke l’avait harcelé sur son androgynie.

Ruki ne put s’attarder sur ce point que déjà l’adolescent en serviette de bain s’éloignait en l’invitant clairement à rentrer, certes de manière provocante et hautaine, mais, comme à son habitude, le châtain foncé préféra relever les points positifs pour laisser les autres, à savoir les négatifs, de côté. Pesant le pour et le contre, il resta immobile sur le pas de la porte en se disant qu’après tout, demander leur numéro de téléphone à son aîné pour ensuite repartir tranquillement serait suffisant, et que le cas échéant son comportement serait sûrement abusif, mais un éclat de rire émanant de la chambre le fit durement déglutir, et, à l’opposé, il songea que rester cinq petites minutes ne serait sûrement pas de trop. Surtout lorsque le maître de maison l’invitait. Obéissant donc légitimement à ce dernier, Ruki passa le pas de la porte, refermant celle-ci derrière lui, avant d’enlever poliment ses chaussures, pour relever les yeux vers le châtain qu’il observa de dos, dubitatif, en inclinant légèrement sa tête sur le côté, ses cheveux suivant le mouvement. Celui-ci prendrait sûrement sa décision pour de l’indiscrétion, ou quelque chose dans ce style-là, alors autant se montrer aimable en signifiant qu’il repartirait bientôt, non ? Enfin, dans la limite du possible vu leur relation.. « Je suppose que vous demander un thé vous paraîtrait impoli. » souffla-t-il, clairement amusé, en laissant vagabonder son regard, quoique poliment. Il n’était pas vraiment sérieux, et désirait juste lancer une rapide conversation pour en venir au sujet du numéro d’urgence, ce qu’il fallait faire en cas de crise d’asthme parce qu’on n’était jamais à l’abri de rien, etc.. Histoire de ne pas être trop abrupt. Quand même.

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Ruki se contenta d’observer le jeune homme lorsque celui-ci répondit sans grande hésitation, d’une manière qui pourrait certes paraître un peu abrupte mais qui n’étonna pas vraiment l’androgyne ; du moins, pas plus que ça. En un sens, il s’y attendait. Même si sa question n’était faite que pour détendre l’atmosphère, quelque chose lui disait que le châtain n’était pas d’humeur à lui taper la discute. Finalement, l’androgyne haussa les épaules, pas plus vexé que ça et ne cherchant pas plus loin, se disant que finalement, si, il allait peut-être devoir rapidement passer aux modalités relatives à sa venue. Parce que bon, c’était pas tout ça, mais il avait des cours à réviser, des devoirs à faire et des comptes à tenir, lui ; on est une mère de remplacement sérieuse ou on ne l’est pas, n’est-ce pas. Le fil de sa pensée pourtant bien menée – et pour une fois sûrement à des kilomètres de déplaire au maître des lieux – fut interrompue par celui-ci, qui, justement, remit les points sur les i, un peu de la même façon que Ruki avait pu l’imaginer. Et, tout bêtement, celui-ci suivit la direction pointée par le doigt de l’adolescent l’instant d’après, toujours aussi hermétique aux mots qui, en d’autres occasions, auraient pu se montrer blessants. À croire qu’il était de bonne humeur, aujourd’hui ; en tout cas, le châtain foncé se permit un nouveau sourire amusé. Pas bien notable, mais un sourire tout de même.

Son attention se reporta rapidement sur le frère de Tsubasa, et, reprenant une expression plus neutre, le cadet s’apprêtait à rajouter quelque chose, mais il s’interrompit en remarquant que l’aîné s’éloignait pour aller se rhabiller. Aussi naturellement que si lui-même n’était pas là. Se sentant vaguement blasé, Ruki ne fit néanmoins aucuns commentaires – après tout, il n’était pas chez lui, n’est-ce pas ? – et il fit volte-face par politesse, la même qui lui avait fait enlever ses chaussures, pour ouvrir sa sacoche en un bref bruit de fermeture éclair. Celle-ci contenait le matériel de survie basique, dont un calepin et un stylo que le jeune homme extirpa, s’en saisissant dans deux mains opposées. Ouvrant le premier d’un mouvement de poignet, il s’aida du second pour trouver une page vierge, se risquant un coup d’œil en direction de son hôte forcé pour vérifier que celui-ci avait terminé, ce qui lui permit de lui refaire face avec une aisance un tantinet forcée. Disons qu’il n’avait pas vraiment l’habitude de se retrouver face à ce genre d’énergumène. « Je vois que les règles de bienséances basiques sont inutiles en ta compagnie, alors au diable l’enrobage artificiel.. » souffla-t-il en gribouillant vaguement un « Tsubasa » en haut du papier, relevant ensuite les yeux vers le frère de ce dernier pour les planter dans les siens, quoique avec la même douceur caractéristique. « Au risque de paraître impoli – et sincèrement, cette fois – puis-je me permettre de te demander un numéro de téléphone sur lequel je pourrais joindre Otoe en cas d’urgence ? » Autant ne pas tourner autour du pot, hein.

» Un entrainement, juste comme ca [Pv Yazu]
» Quelques achats =3 [PV]